DESIR ET DEVORATION

novembre 29, 2020 8:02 Publié par

DESIR ET DEVORATION

2006
Photo numérique

Quelle place dans notre société pour la chair animale et la sexualité ? Vous me diriez quel rapport ? Un rapport tabou et légitime que Lacan et G. Bataille pourraient vous expliquer dans une profondeur textuelle et contextuelle.
En m’appropriant la viande, cette chair fraiche et sensuelle au touché, j’en viens à questionner l’image et la symbolique de la viande, plus précisément son iconographie qui la mercantilise. Interpellée par « la défiguration et la reconfiguration dans la représentation des viandes et l’imagerie publicitaire » que souligne Florence Burgat 1 et plus particulièrement par le discrédit et l’effacement de la mort qu’illustre leur mise en scène,
« C’est en effet de manière vague, presque annexe, que la viande semble liée à la mort, une mort pourtant programmée et massive. Comme si la viande ne provenait pas d’individus et était en continuum de la chair. »2
J’ai réalisé cette photo en franchissant les étapes du désir, de la bouche à l’entrejambe en y imbriquant trois doigts, après un processus d’appropriation de l’entrecôte.

Chargée en signification cette photographie revêt d’une intention transgressive en bouleversant les limites normatives et en considérant la viande comme objet érotique.
Mais ce lien participe-t-il vraiment d’une intention transgressive, dès lors que l’on considère qu’il y a des millions d’années, l’homme dessine dans une caverne «  si malaisée d’accès qu’elle est désignée aujourd’hui sous le nom de « puits », que nous nous trouvons devant la plus frappante, et la plus étrange des évocations. Un homme mort autant qu’il semble, est étendu, abattu devant un lourd animal immobile, menaçant. Cet animal est un bison et la menace qui en émane est d’autant plus lourde qu’il agonise : il est blessé et, sous son ventre ouvert, se délivrent ses entrailles. Apparemment, c’est cet homme, sa tête celle d’un oiseau, se termine par un bec. Rien dans cet ensemble ne justifie ce fait paradoxal, que l’homme est le sexe levé. La scène a un caractère érotique de ce fait. »3

1 In Revue d’Esthétique n°40, 2001
2 Idem
3 Georges Bataille, «  les larmes d’Eros », éd. 10/18, 1978

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Cet article a été écrit par arthur

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